samedi 4 septembre 2010

Sur la route du grand lac

Mon travail de détective est rarement reluisant. Je m'estime heureux quand je n'ai pas à fouiller les poubelles, filant un mari volage (quelque part, je défends la morale). Mais cette affaire me mettait mal à l'aise.

Dana Lington avait quitté son mari sans préavis et sans lui laisser une adresse pour faire suivre le courrier, probables précautions contre les réactions plus que violentes de celui-ci. Je devais la retrouver et l'avais fait -un jeu d'enfant.

Maintenant, Edouard Lington m'avait sommé de le conduire à la cachette de l'oiseau envolé. Depuis deux heures, il écumait t, marmonnant mille façons de mettre fin à ses jours (à elle).

C'est ce qui me mettait vraiment mal à l'aise. Retrouver une personne disparue est une chose, la livrer à un tueur en puissance en est une autre. D'autant qu'un homme en prison paie de préférence ses avocats que les gens qui lui ont rendu service avant son arrestation Je devais faire quelque chose pour que mon client ne fasse rien d'irréparable, mais quoi?

Nous arrivâmes devant l'endroit où Dana se cachait. Le bonheur champêtre. "Elle va voir ce qu'elle va voir", grognait l'autre brute. Un homme sortit de la maison tandis que nous quittions la voiture.

Je m'exclamais: "ça alors! Toni Parchello!" Voyant que mon interlocuteur cillait, je m'empressais de détailler: "C'est un tueur de la mafia. Une brute froide, sans coeur. Et d'une violence à peine croyable. C'est la première fois que j'ai vu tout un jury tomber dans les pommes à la lecture des faits. Je croyais qu'il était en prison mais apparemment l'accusation a dû abandonner faute de témoin encore vivant".

Faut croire que j'avais été convainquant, car qu'Edouard vira du rouge au blanc. L'homme, débonnaire,  s'approcha de nous et demanda ce que nous voulions.

Édouard: "La... La route... vers le grand... grand lac". L'homme parut un peu surpris: "vous y êtes. C'est tout droit et dans une demi-heure vous serez au grand lac, sur votre gauche. Je pensais que c'était indiqué depuis la dernière ville.
-Merci, je n'étais pas sûr. Au revoir". Il fut à la voiture avant moi et ne moufta mot pendant le reste du trajet. En l'absence de directives, je suivais la route.

Contemplant le grand lac depuis une table de l'auberge, la voix de Lington discutant au téléphone avec son avocat pour le divorce me parvenait et me procurait un certain réconfort. La morale était sauve: j'allais être payé.

Objets
Colonne western Double, par dyokabb 

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